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james woody par veronique

Pourquoi-rester-chretien-aujourdhui

Henri Persoz est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

La perte d’influence du christianisme en Europe est malheureusement manifeste. Le protestantisme en Allemagne, en Suisse, dans les pays du Nord de l’Europe subit un recul saisissant. Le catholicisme en France perd beaucoup de terrain. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir la raréfaction impressionnante du nombre de prêtres. Pour nombre de nos amis et de nos proches, le christianisme n’a plus beaucoup de sens aujourd’hui.

Je vois les raisons de cette situation dans le fait que les Églises, dans leur ensemble, ne se sont pas adaptées aux temps modernes. Elles tiennent encore trop souvent un langage vieux de plusieurs siècles, hérité d’une époque encore plus lointaine. Si bien que leur discours est devenu incompréhensible pour beaucoup et sans intérêt. Que signifient pour nos contemporains ces histoires d’incarnation, de rédemption, de crucifixion, de résurrection, de sacrement, d’un homme qui est aussi Dieu ? Et en quoi sa mort sur la croix peut-elle nous concerner ? Et pourquoi le Christ sauverait-il le monde ? Et pourquoi ne l’a-t-il pas déjà fait ? Qui peut croire qu’il va revenir sur terre ? Tout cela n’a plus beaucoup de signification aujourd’hui. Pas étonnant que nos contemporains, nos jeunes, ne s’intéressent plus à ces vieilles histoires trop éloignées des réalités et de leur difficulté à vivre. Certes il y a encore des croyants et un peu de monde dans les églises, il est vrai pas très jeune. Cependant nous comptons en Europe beaucoup plus d’incroyants que de croyants et de monde hors des églises que dedans. Donc le christianisme est manifestement en déclin aujourd’hui. Maintenant qu’il ne représente plus une obligation sociale, il ne réussit pas à intéresser les foules, sauf peut-être les tendances dites « évangéliques ».

Et pourtant il a modelé notre civilisation. Il a défendu, tardivement il est vrai, l’égalité entre les personnes. Il a conduit les gouvernements à humaniser les lois, il a permis le développement d’une quantité d’œuvres de solidarité, il a orienté tant d’hommes et de femmes vers le souci des plus démunis. Il a défendu la liberté. Luc Ferry, dans son livre Sagesse d’hier et d’aujourd’hui, ne manque pas de critiques à l’égard du christianisme. Cependant, il reconnaît que « la morale chrétienne a fait voler en éclats les principes fondamentaux des grandes éthiques aristocratiques grecques ». Il parle « d’une révolution d’une ampleur abyssale, à vrai dire la seule révolution morale importante depuis 2000 ans. » Il écrit que ce n’est pas un hasard si la démocratie s’est développée en pays chrétien et nulle part ailleurs. Admettons que ses mots aient dépassé un peu sa pensée. D’où vient ce contraste entre l’apport du christianisme dans le passé, nonobstant toutes les grandes erreurs des Églises, et ce qu’il est devenu aujourd’hui ? A-t-il terminé sa mission ? Loin de là, à mon avis.

Bien sûr, il faut reconnaître que ce christianisme a plus de 2000 ans d’âge et que pendant ce temps la civilisation a été complètement transformée par le progrès des connaissances et particulièrement des sciences. Et nous ne pouvons plus penser le christianisme comme il a été conçu à l’origine, ni même comme les grands théologiens des premiers siècles ou du Moyen Âge l’ont formulé. Jésus lui-même baignait dans la culture de son temps et avait sans doute une vue sur la toute-puissance de Dieu ou sur la fin des temps qui ne peut plus être la nôtre. On objectera que la pensée chrétienne elle-même a beaucoup évolué et que son langage s’est bien adapté aux temps modernes. Pas assez justement, puisque trop de nos hommes et femmes, aujourd’hui, ne peuvent plus y adhérer. Personne ne comprend rien à la Trinité, mais les chrétiens sont censés y croire. Pourquoi la mort de Jésus sur la croix serait-elle nécessaire pour effacer le péché des humains ? Pourquoi nous sauverait-elle ? Comment Dieu a-t-il pu accepter cela ? Et comment croire qu’une vie après la mort est encore possible ? Il reste trop de mythologie et d’irrationalité dans toutes ces doctrines pour qu’elles puissent entraîner l’adhésion d’un grand nombre de nos concitoyens. Très logiquement, ils s’en détournent.

Alors pourquoi rester chrétien ? Justement parce que Luc Ferry a raison en un sens. Au-delà de la mythologie dans laquelle baignait la culture juive (et encore plus les autres cultures) au début de notre ère, et qui a inévitablement imprégné les évangiles et les écrits de l’apôtre Paul, Jésus a rappelé inlassablement la dignité de toute personne humaine et la nécessaire solidarité qui devait accompagner toutes les relations entre les hommes. Il a bien vu que les hommes pensaient trop à eux-mêmes et pas assez à leurs semblables, qu’ils étaient trop dominés par leur égoïsme. 2000 ans ont passé, mais les problèmes des hommes demeurent et les entraînent vers les pires catastrophes. C’est pourquoi l’éthique chrétienne est encore nécessaire dans notre monde qui a beaucoup trop tendance à être dominé par la recherche du profit et le manque de considération envers les gens ordinaires, ceux qui luttent pour survivre ou pour vivre décemment.

Les évangiles sont imprégnés de mythologie. On ne pouvait pas s’en abstraire à l’époque. Les Églises en ont fait des dogmes, plus ou moins présents dans les évangiles d’ailleurs. Mais ils ne nous parlent plus aujourd’hui. La plupart n’ont plus d’importance. Par contre, au-delà de ce que nous ne pouvons plus croire, tous les discours de Jésus, toutes ses rencontres, nous parlent de la nécessité de se comporter autrement, de respecter davantage les humains, de faire notre révolution personnelle, d’entrer dans un nouveau mode de pensée, un nouveau royaume, de se laisser davantage guider par la charité. « Là est le sang du Seigneur » écrivait Ignace d’Antioche. Et c’est cela l’Essence du christianisme, selon le titre du livre du grand théologien allemand Adolf von Harnack. Voici quarante ans que je prêche et quarante ans que je retombe trop souvent, à travers les textes bibliques choisis, sur cette lancinante évidence : Jésus veut entraîner son peuple vers une révolution morale. Remarquons d’ailleurs que ce message a toujours été perçu, au long des siècles, par un grand nombre de penseurs chrétiens. À notre époque, et du côté protestant, le « Christianisme social » a repris le flambeau. Simplement je pense que c’est à cause de ce message qu’il faut continuer à soutenir le christianisme. Il inspire encore dans le monde d’innombrables bonnes actions, d’innombrables engagements dans les pays en détresse. Certes, d’autres cultures, d’autres religions ont les mêmes motivations. Tant mieux. Mais je suis né dans le christianisme, c’est lui que je soutiens parce que c’est lui que je connais.

J’ai toujours cherché, pour expliquer les textes bibliques parfois bien difficiles à comprendre, à me laisser guider par la raison. Au contraire de Thomas d’Aquin, je pense que c’est la théologie qui doit être au service de la raison ; et non pas la raison au service de la théologie. Tout bien réfléchi, la prédication de Jésus ne s’oppose en aucune manière à la raison, dès lors que l’on s’intéresse au principal de son message et non pas à son mode d’expression trop marqué par son époque et sa culture. C’est pourquoi elle est encore accessible pour notre modernité et même d’une grande nécessité

Prédication du pasteur James Woody proposée par Véronique Amadon

Avant d’ouvrir la Bible pour y lire le passage qui nourrira notre méditation, nous prions pour nous ouvrir au message que nous allons entendre et lui faire bon accueil.
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 Dieu, notre Père, Tu viens à nous dans la nouveauté et nous allons vers toi avec nos habitudes. Tu viens à nous dans la vérité et nous allons vers toi avec nos illusions.
 Donne-nous, Seigneur, la joie de découvrir ton chemin  il nous conduit vers toi pour vivre l’amour qui défie les siècles. Amen
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 Lecture biblique :
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Genèse 1- 1 à 11.
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1Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. 2 La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, mais l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. 3 Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut. 4 Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. 5 Dieu appela la lumière jour et il appela les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin : ce fut un jour. 6 Dieu dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux pour séparer les eaux des eaux. 7 Dieu fit donc cette étendue, sépara les eaux qui sont au au-dessous de l’étendue des eaux qui sont au-dessus. Il en fut ainsi. 8 Dieu appela l’étendue ciel. Il y eut un soir et il y eut un matin : ce fut un deuxième jour. 9 Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel s’amassent en un seul endroit, et que la partie sèche apparaisse. Il en fut ainsi. 10 Dieu appela terre la partie sèche, et il appela mers la masse des eaux. Dieu vit que cela était bon.11 Puis Dieu dit : Que la terre se couvre de verdure, d’herbe porteuse de semence, d’arbres fruitiers donnant sur la terre des fruits selon leur espèce et ayant en eux leur semence. Il en fut ainsi.
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Luc 5, 1-11     
                                                                  
 1 Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génésareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu,  2 il vit au bord du lac deux barques, d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets.  3 Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule.  4 Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.  5 Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet.  6 L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait.  7 Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu'elles enfonçaient.  8 Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit: Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.  9 Car l'épouvante l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu’ils avaient faite.  10 Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon : Ne crains point ; désormais tu seras pêcheur d'hommes.  11 Et, ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent.
 Seigneur ta Parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur le sentier de toute ma vie.
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Prédication
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C’est dans l’évangile de Luc, au chapitre 5, que nous trouvons ce récit qui met en scène Jésus et ses futurs disciples. C’est cet épisode de la vie de Jésus qui nous apprend ce que signifie être disciple du Christ Jésus.
 
A. Se résigner
                                                
Chères sÅ“urs, chers frères, combien de fois nous a-t-on dit : « inutile d’essayer, nous avons déjà tenté et ça n’a pas marché » ?Combien de fois nous a-t-on mis en garde avec des formules proches de celle de Pierre « nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre » ?              
 Trop de fois ; trop de fois pour n’être pas nous-mêmes atteints de ce mal qu’est la résignation.
 Ainsi, est-il entré dans le langage courant des expressions telles que : « qu’est-ce qu’on peut y faire » ? Sous-entendu « rien, on ne peut rien faire contre telle ou telle situation qui ne nous semble pourtant pas acceptable ». Que voulez-vous qu’on y fasse s’il n’y a plus de jeunes dans l’Eglise (pour reprendre un refrain typiquement chrétien) ? Sur un registre plus familial, j’entends aussi : mes enfants ne viennent plus me voir, qu’est-ce qu’on peut y faire ? Ou encore : je ne retrouverai jamais de travail (cette fois, sur un plan professionnel). « Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre », répond Pierre à Jésus qui lui dit de jeter les filets. Et Pierre s’y connaît en pêche : c’est son métier, son gagne-pain. Sa vie dépend du résultat de la pêche, il n’a donc aucune raison de faire semblant de ne rien attraper dans ses filets.
Comment ne pas comprendre, par conséquent, toutes ces personnes qui se résignent peu à peu devant les difficultés à surmonter ? Il y a mille et une raisons de baisser les bras et de se dire que c’est inutile de se mettre à la tâche, parce que ça ne marchera pas, puisqu’on a déjà essayé. C’est fichu, à mon âge je ne trouverai plus de travail ; ce n’est plus la peine d’y penser, mes enfants ne m’inviteront pas ce week-end ; ça ne sert à rien d’aller voter, ce sont tous les mêmes ; à quoi bon encore s’occuper des jeunes, on l’a déjà tellement fait et sans résultat…
 
 
B. S’obstiner
                                                                                             
Face à cette résignation, il y a deux réponses possibles.                                        
La première est l’obstination. C’est une réponse symétrique à la résignation. La résignation dit : j’abandonne, je ne peux plus rien. L’obstination dit : rien ne m’empêchera de réussir, je tiendrai bon et je réussirai. C’est une réponse symétrique en ce sens que si le résigné dit : « je lâche tout », l’obstiné dit : « je ne lâche rien ». Le mythe de Sisyphe nous offre un exemple d’obstination. Albert Camus qui écrit sur l’absurde, consacre quelques pages au mythe de Sisyphe, homme condamné par les dieux «à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids ». Albert Camus écrit en 1942 alors que l’issue de la guerre qui emporte le monde est loin d’être déterminée. Camus est le témoin de cette génération qui a dû faire preuve d’une volonté hors du commun pour tenter de donner du sens à leur vie dans les événements terribles qu’ils étaient en train de traverser. Commentant l’attitude et les sentiments de Sisyphe, Camus écrit :          Â« Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. (…) La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cÅ“ur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux ».
 Â« Il faut imaginer Sisyphe heureux » : c’est là le trait de la volonté qui doit l’emporter sur la résignation. « Il faut » : un devoir personnel qui nous élèverait au-dessus des problèmes et des douleurs. Ce serait la solution pour nous arracher à l’absurde. Cette volonté obstinée mettrait fin à l’absurde et permettrait le bonheur. Ce serait l’histoire de Pierre qui retourne à la pêche, là où il vient de passer la nuit, afin de reproduire à l’identique tous les gestes nocturnes qui n’ont conduit à rien d’autre que la fatigue et la résignation. Ce serait l’histoire de Pierre qui, considérant qu’il n’y a pas plus de fatalité que de dieu qui dirige l’histoire, décide de jeter ses filets, encore une fois. Ce serait l’histoire de tous ces héros tragiques qui s’obstinent à suivre un chemin qui ne les mène nulle part, qui s’obstinent à multiplier les réunions qui ne débouchent sur rien, bref, tous ceux qui, au nom d’un « il faut », roulent leur rocher au sommet de la montagne, un rocher qui retombe par son propre poids : « il faut que ça fonctionne, il faut que ça marche, il faut que j’aie raison, il faut qu’il ait tort, il faut qu’il guérisse, il faut que ça s’arrange, il faut tout ce que vous voudrez ».
 
C. Ordonner
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L’attitude de Jésus qui renvoie Pierre à ses filets n’a rien de l’obstination. Jésus ne demande pas à Pierre de recommencer le scénario de la nuit. Il ne lui demande pas de répéter ce qui s’est passé la nuit, jusqu’à ce que le poisson soit enfin pris. Ce que fait Jésus, c’est d’ordonner, et cela à double titre. D’abord en donnant un ordre à Pierre. Il ne demande pas à Pierre s’il serait d’accord pour accepter cette tâche qu’il entend lui confier. Jésus ne s’adresse pas à Pierre en lui disant que cela lui ferait plaisir qu’il accède à sa requête. Non, Jésus, qui s’adresse à Pierre, ne lui laisse guère le choix : Avance en eaux profondes et jetez vos filets. C’est impératif ; ce n’est ni une suggestion, ni un conseil d’ami, ni une invitation. Pour Pierre, qui vient d’entendre l’enseignement de Jésus, cette parole est une parole d’autorité.
 Ensuite, Jésus ordonne en donnant une place à chaque chose dans la Création. Jésus met de l’ordre dans le monde qu’il a en face de lui. Pierre, c’est un pêcheur professionnel ; il est sensé savoir où se trouve le poisson. Mais, tout professionnel qu’il soit, la nuit s’est achevée avec des filets vides. Jésus, non seulement lui confie une mission mais il lui donne une place, une nouvelle place : Avance en eaux profondes. Change tes habitudes, Pierre, si cela t’empêche de mener à bien ton projet. Quitte les sentiers battus, quitte les chemins bien balisés et va au large, avance en eaux profondes. N’en reste pas à la surface des choses mais avance en profondeur. Va au cÅ“ur des choses. Sors donc de ta routine de la nuit.
 Dès lors, que les filets des pêcheurs se retrouvent pleins à craquer n’a rien de véritablement extraordinaire. C’est miraculeux en ce sens que c’est un signe ; le signe que chaque chose est bien à sa place, dans la Création. Jésus n’a rien fait d’autre que dire la place de chacun au sein de ce lac. Jésus n’a rien fait d’autre que de dire « les poissons sont là et toi, Pierre, pour les attraper, c’est là que tu dois te rendre ».
Cela n’a rien d’extraordinaire pour Jésus, mais c’est fondamental pour Pierre car le monde vient de changer sous ses yeux. Là où il y avait de la résignation et du tohu-bohu, Jésus vient de mettre de l’ordre. Pierre et ses collaborateurs sont alors saisis de frayeur à la manière de tous ceux qui s’aperçoivent qu’ils sont dans la proximité de Dieu. Pierre et ses collaborateurs sont saisis de frayeur car ils viennent de vivre quelque chose qui est un véritable acte de création. En effet, le livre de la Genèse, le premier livre de la Bible raconte que Dieu crée le monde par la parole, en nommant les choses et en leur donnant une place, une fonction dans l’univers. Jésus, en donnant une place à chaque chose et à chaque personne, et en leur donnant une mission, prolonge l’action de Dieu telle qu’elle est décrite dans le récit de la création qui figure au premier chapitre de la Genèse.
 Pierre est saisi de frayeur, parce qu’il prend conscience que Jésus vient de créer le monde sous ses yeux comme les textes disaient que Dieu l’avait fait autrefois. Autrement dit, Pierre est saisi de frayeur parce qu’il vient de voir la puissance créatrice de Dieu à l’œuvre. Ainsi, ce Jésus qu’il a écouté n’est autre que le Christ, Dieu qui agit parmi les hommes. Comment Pierre ne serait-il pas bouleversé ? Et que pourrait-il faire d’autre que s’humilier devant Jésus et l’appeler non plus « maître », comme il l’avait fait au début du récit, mais « Seigneur », qui est une manière classique de confesser sa foi ? La confession de Pierre est la marque, la trace de l’intervention de Dieu. Lorsque nous-mêmes nous accomplissons des Å“uvres qui sont bien au-dessus de nos forces, autrement dit, lorsque de notre faiblesse naît un succès, c’est que Dieu s’est mêlé de notre histoire. Que faire d’autre, en pareille situation, que s’incliner respectueusement devant Dieu ? Jésus nous dit : « Sois sans crainte ; désormais tu seras pêcheur d’hommes ». Ce que j’ai fait pour toi, tu le feras pour d’autres. Oui, c’est à ton tour de répondre à la résignation du monde non pas par l’obstination mais en ordonnant : continue l’œuvre créatrice de Dieu en mettant un peu d’ordre dans ce bazar qu’est le monde actuel, en donnant à chaque chose et chaque personne une place, sa place. Et continue l’œuvre créatrice de Dieu en donnant à chacun une mission, un rôle. Donne à chacun de pouvoir répondre à sa vocation. Sois un Christ pour tes frères et sÅ“urs en humanité, sois un pêcheur d’hommes en ordonnant le monde à la parole de ton Seigneur. Amen
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Chant indiqué : 47 – 04 Confie à Dieu ta route
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02 février La Chandeleur, purification, présentation par Christiane VAN DEN MEERSSCHAUT

En Israël, une femme qui venait d'accoucher était considérée comme "impure" pendant 7 jours après la naissance d'un garçon et 14 jours après celle d'une fille. Après quoi, il y avait une purification de 33 jours si le nouveau-né était un garçon, de 66 jours si c'était une fille. Durant ces 40 ou 80 jours, la mère ne pouvait plus toucher aucune chose sainte et il lui était interdit d'aller au sanctuaire. Quand la purification était achevée, la mère présentait au sacrificateur un agneau d'un an pour l'holocauste et une tourterelle ou un pigeon, en sacrifice pour le péché. Si ses moyens ne lui permettaient pas d'offrir un agneau, elle apportait deux pigeonneaux ou deux tourterelles, l'un pour l'holocauste, l'autre pour le sacrifice d'expiation. Après avoir présenté ce sacrifice au Seigneur, le prêtre effectuait sur la femme le geste rituel de la purification. Dès lors, elle était purifiée de son accouchement. (Lév. 12, 1-8)
Une autre obligation s'imposait au couple dont le premier-né était un garçon. Dans le mois qui suivait la naissance, il devait offrir en holocauste deux pigeons et deux tourterelles et verser au prêtre une somme d'argent ; à l'époque de Jésus c'était cinq sicles d'argent (= 25 journées de salaire) pour le rachat à Dieu de l'enfant, ceci pour appliquer les préceptes relatifs à la commémoration de la Pâque (Ex. 13, 2-13).
Dans le Nouveau Testament (Luc 2, 22-40), la purification de Marie, la présentation rituelle de Jésus au Temple, la rencontre avec les vieillards Syméon et Anne se situent au moment décrit ci-dessus. Syméon accueillera l'enfant en prophétisant sa vocation divine et son martyre sur la croix.
Cet événement sera fêté dans la Méditerranée orientale sous le nom d'HYPAPANTE, du verbe grec hupantanou-hupapantan qui signifie "aller-au-devant".
Les Orientaux insistent, en cette fête, sur la rencontre du vieillard Syméon et de Jésus ; ils viennent au-devant l'un de l'autre et manifestent ainsi la structure essentielle de la liturgie, rencontre de Dieu et de son Peuple pour la célébration de l'Alliance. Ils veulent signifier ainsi que nous ne pouvons rencontrer Dieu que s'il vient d'abord à nous et nous donne l'Esprit, l'élan qui nous mène à lui.
Dans les traditions populaires, la fête est très respectée des paysans, qui redoutent pendant cette période les chutes de grêle sur les jeunes pousses fragiles. Ce jour-là, tous chôment et c'est pour cela que la Vierge de ce jour est appelée "Myliargoussa" (celle qui arrête les moulins). Sa fête sert ici comme moyen de prévision du temps. Ne disent-ils pas : "Le temps d'Hypapante est celui des 40 jours à venir" ou encore "Hypapante enneigée, greniers bien chargés" ?
A Jérusalem, dès le IVe siècle, on célébrait cette fête quarante jours après la Noël. En 534, elle était déjà fête chômée obligatoire pour tout l'empire d'Orient.
Rome l'adopta au VIle siècle pour la substituer à une fête païenne : la fête de l'Expiation et de la Purification (FEBRUA) qui avait lieu dans la Rome antique à la mi-février. A cette époque, les Romains illuminaient les villes tous les cinq ans avec des cierges et des flambeaux, durant toute la nuit, en l'honneur de Februa, mère hypothétique de Mars, afin que celui-ci accorde la victoire aux armées romaines. Les Romains veillaient toute la nuit en chantant leurs louanges aux dieux et en tenant des cierges et des torches allumés. C'était une grande fête de purification du peuple, accompagnée de sacrifices publics et privés.
Or, parce qu'il est difficile aux chrétiens nouvellement convertis d'abandonner une coutume, le pape Serge Ier (687-701) lui donna "un but meilleur" en ordonnant aux chrétiens de célébrer chaque am1ée à pareil jour, une fête en l'honneur de "La Sainte Mère du Seigneur" avec cierges et chandelles bénits. Avec ses cortèges aux flambeaux dans la nuit hivernale du 2 février, aux incantations répétées de "Lumière pour éclairer les païens", la fête de la CANDELARUM (chandelles) avait tout pour être populaire.
L'Eglise remettait ainsi à l'honneur une des plus anciennes solennités de la Vierge. La date du 2 février correspondant au 40e jour après Noël, cette période de 40 jours correspondant comme nous l'avons vu plus haut à la loi juive qui exige la purification rituelle au Temple de toute mère d'un enfant mâle, 40 jours après la naissance du garçon.
En ce jour de fête, depuis plus de mille ans, la tradition s'est imposée de bénir des cierges, des "chandelles", d'où le nom de "CHANDELEUR" pour évoquer les paroles prononcées par le vieillard Syméon (Luc 2, 29-32) "... lumière pour éclairer les nations". Une procession festive, à la lumière des cierges, conduit ensuite à l'église ; on y fait revenir l'assemblée : elle symbolise la rencontre des "fils de lumière" (Luc 16, 8) avec le Christ "lumière des nations". Les fidèles ont l'habitude d'emporter chez eux les cierges bénits. La coutume veut qu'on les fasse brûler auprès des morts, en signe d'espérance de la "lumière éternelle". Une autre coutume voit des fidèles conserver leurs cierges durant toute l'année dans leur maison comme une sorte de talisman contre la foudre. Ils les allument pour se protéger durant les orages.
Depuis que cette fête n'est plus chômée dans nos pays, très peu de fidèles se rendent encore à l'église pour y fêter la fête de la Chandeleur. Par contre, la tradition populaire qui réunit les membres d'une famille pour déguster des crêpes est toujours bien suivie aujourd'hui. Ce rassemblement festif est-il le vestige d'une coutume évoquant le disque solaire, ou est-ce lié à la première récolte des oeufs ? Les deux thèses ont leurs défenseurs!
Avec le Concile Vatican II, la liturgie catholique, à l'exemple des Orientaux, a tenu à faire de la Chandeleur moins une fête de Marie qu'une fête de Jésus. Puisqu'elle commémore la présentation de Jésus au temple, il semble normal qu'il en soit le personnage principal.
A l'approche de la semaine pour l'Unité des Eglises que nous allons vivre, nous pouvons remarquer ici que, comme Syméon va à la rencontre de Jésus, l'Eglise d'Occident rencontre celle d'Orient pour donner le même sens à cette fête. Un tout petit pas parmi d'autres vers l'oecuménisme qui ne peut que nous faire plaisir.
Cette modification du sens de la fête qui célèbre la rencontre, plutôt que la purification nous rapproche très certainement du projet littéraire de l'auteur.
Au premier siècle, les communautés chrétiennes lisaient beaucoup l'Ecriture qui n'était pas, pour elles, un "Ancien Testament" mais véritablement la Parole toujours neuve de Dieu. Pour Luc, cette parole est entièrement transformée par la personne du Ressuscité. Il emprunte pour le récit qui nous occupe des versets d'lsaïe, de l'Exode, du Lévitique, pour les rendre entièrement nouveaux, entièrement christianisés. Il écrit et continue l'histoire biblique devenue transparente à la lumière de Pâques. Luc ne cite pas textuellement l'Ecriture mais il puise à fond dans sa Bible devenue chrétienne, afin de développer ici quelques-uns de ses thèmes favoris : une Histoire guidée par la présence de l'Esprit, la prière, l'universalisme du salut. Luc est le seul à relater cet événement qui a évidemment une portée théologique et fait partie du générique de l'histoire de la vie de Jésus, comme les autres récits de l'enfance.
Dès le début du récit, nous constatons les libertés que prend l'auteur par rapport à la Loi, afin de mieux construire son récit.
Pour accomplir les rites de purification, historiquement, c'est Marie seule qui devait se présenter 40 jours après la naissance de Jésus avec son offrande. Pour accomplir les rites de rachat du premier-né, c'est uniquement à Joseph qu'il est demandé d'agir et il n'est jamais demandé aux parents de présenter l'enfant au temple.
Luc n'est guère intéressé par ces rites. Il rassemble et utilise bien curieusement les commandements en les mêlant de façon confuse et en parlant de "leur" purification (Luc 2, 22).
Son récit qui se veut symbolique nous montre sa préoccupation de vouloir présenter l'enfant au temple, comme le petit Samuel avait été présenté par Anne (I Samuel 1, 22- 28). Sans doute veut- il suggérer ainsi que les parents de Jésus étaient des gens pieux, zélés pour la Loi, mais apportant l'offrande des pauvres. La famille de Jésus est typée. Cela se passe dans la Ville Sainte, lieu de l'événement pascal et point de départ de la mission. C'est au coeur d'Israël, au temple, que Jésus sera reconnu comme le Sauveur.
L'attente d'un Messie par le peuple d'Israël est condensée dans les vieillards Syméon et Anne. Ceux-ci reconnaissent Jésus comme le Messie. Cette rencontre nous suggère le début de la Nouvelle Alliance. Le temps de l'Ancien Testament représenté par Syméon et Anne est accompli. Quelque chose de tout nouveau commence avec Jésus : le Nouveau Testament. Cela se fait sans aucun déchirement, non ; simplement, les temps sont révolus.
Un nouveau-né porté par ses parents pieux et zélés sera déposé dans les bras de Syméon, un vieillard juste et pieux qui attend la mort.
Quel face-à-face: la naissance et la mort !
La Loi qui provoque la venue des parents de Jésus et l'Esprit qui pousse Syméon se liguent pour désigner le nouveau Messie au coeur même de la Religion d'Israël : au temple. Syméon identifie Jésus comme le "Christ du Seigneur" (Ex 30, 22 +), le roi oint par Dieu pour régner sur Israël et sauver le peuple de Dieu (I Samuel 24, 7).
Maintenant, Syméon peut mourir en paix. Par sa rencontre avec le Sauveur, il vient de naître avant de mourir. Ayant reconnu le Messie, il porte dans ses bras toute son espérance. C'est que cet enfant, pour l'évangéliste qui connaît la suite de l'histoire, c'est déjà le crucifié et que, par sa résurrection, tout mort est déjà un nouveau-né. Quel splendide acte de foi !
Le récit se poursuit dans le beau style des chants bibliques.
Syméon, par le "Nunc Dimittis" (Luc 2, 29-32), entrevoit et chante la mission de Jésus. Le salut annoncé par Isaïe est désormais réalisé mais il n'est pas réservé seulement à Israël. Avec Jésus, il devient universel et tous en sont bénéficiaires.
Mais Luc connaît les persécutions qui risquent de mettre en question le projet divin. Il vit au milieu d'un Israël déchiré par l'avènement de Jésus. Toute son histoire glorieuse est ici humiliée par la division des coeurs. Il faut cependant choisir, être pour ou contre, choix particulièrement douloureux en période de persécutions ! Syméon prophétisera donc l'écartèlement d'Israël et annoncera que Jésus subira hostilité et persécutions de son propre peuple.
Et puis, arrive la prophétesse Anne (nom de la mère de Samuel), très pieuse, l'idéal même de la veuve chrétienne (voirI Timothée 5, 5). Et nous voici aux deux témoins exigés par la Loi (Deutéronome 19, 15) pour reconnaître l'avènement de l'ère du salut. Deux témoins qui sont des prophètes. Ce sont des prophètes qui désignent Jésus et dévoilent sa mission, Luc voulant nous signifier que c'est Dieu qui peut révéler qui est son véritable Christ.
Après la sombre prophétie de Syméon, celle d'Anne vient comme un sourire. Luc, qui nous parlera volontiers des femmes dans la suite de son évangile semble nous montrer dès son introduction la place importante que Jésus donnera au sexe dit faible.
Syméon et Anne, un homme et une femme en bout de vie, des chercheurs de Dieu. Luc n'a pas peur de la vieillesse, il ne la refuse pas. Il ne veut pas regarder la vieillesse comme le début de la fin. Il choisit deux vieillards pour nous donner une parole prophétique. Leur long chemin vers la reconnaissance, vers la sagesse, leur quête du divin, leur a permis de rencontrer Jésus qu'ils découvrent comme un sauveur dans leur vie, comme une espérance dans la mort.
Bonne Nouvelle pour hier comme pour aujourd'hui.

Christiane van den Meersschaut

Bibliographie - Sources
•    Nouveau dictionnaire biblique (Ed. Emmaüs 1983)
•    Dictionnaire su Christianisme - Jean. Matthieu (Marabout Service 1980)
•    Dictionnaire de Liturgie - Dom Robert Le Gall (Ed. C.L.D. 1982)
•    Dictionnaire des mots de la foi chrétienne (Ed. du Cerf 1989)
•    Encyclopédie Microsoft (R) Encarta (R) 99
•    Fêtes et croyances populaires en Europe - Yvonne se Sitre (Bordas 1994)
•    Les récits de l'enfance de Jésus - Charles Perrot (Les Cahiers de l'Evangile - Cerf 1976)
•    Une famille juive au temps de Jésus (Fêtes et Saisons n° 410. 12/1986)

Messsage de Noël du pasteur Jean DIETZ

 La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre (Luc 1,35) « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » C’est la réponse de l’Ange Gabriel à Marie. Quelle était la question ? « Comment cela se fera-t-il ? » Dans l’évangile de Luc, il s’agit d’une naissance miraculeuse, celle de Jésus. Mais, une fois cette naissance advenue, la question de Marie et la réponse de l’Ange restent infiniment pertinentes. Chaque grand engagement qu’on peut devoir prendre dans une vie humaine est porteur de cette question. Choisir d’aimer. Annoncer l’Evangile. S’engager au service des plus faibles. Tenir bon dans l’adversité. Ne pas laisser s’affadir l’émerveillement d’être en vie. Se repentir d’une mauvaise action. Changer de vie. Rendre grâces et gloire à Dieu. Vivre par la foi. Aimer son prochain… Cela semble terriblement difficile, voire impossible, et nous sommes bien peu de chose. Notre résolution chancelle, et pourtant nous voudrions que notre parole et nos actes soient purs et vrais, qu’ils disent peut-être même quelque chose de l’amour de Dieu. Alors revient la question : « Comment cela se fera-t-il ? » Et bien je crois que l’Ange Gabriel peut s’inviter aussi, et encore aujourd’hui, chez nous, pour dire « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » L’Ange ne ment pas. Et ce à quoi nous aspirons de meilleur devient possible, et réalité. Puisse l’Ange vous visiter, et la puissance du Très-Haut vous couvrir de son ombre.

Seigneur
​
Si tu veux m'attendre encore,
Je serai Ie quatrième mage,
parti de nulle part,
parti sans étoile aux cieux
pour un voyage au bout du temps,
pour un voyage au bout de moi...
Quand les ténèbres alentour brouillent toutes les pistes,
Quand ma boussole intérieure bat la chamade,
Quand ma route s'enroule sur elle-même,
Tu me montres quelque part dans la nuit
L'étoile inconnue que tu fais lever pour moi !
Tu me dis que je n'ai pas perdu ma vie,
Ce temps que j'avais rêvé tout autre !
Tu me dis que tu m'attends encore,
Car la fête ne commencera pas sans moi
Et je serai le quatrième mage,
Venu d'un voyage au bout du temps,
De mon voyage au bout de moi !
Et je t'oflrirai mon enfance
Tapie sous les décombres de mon passé.
J'adorerai l'enfant de Noël
Comme on s'agenouille émerveillé
Devant le miracle fragile
D'une parole enfin devenue vraie.
Maintenant je te vois en l'enfant de Noël
T'agenouiller devant moi
Pour que je devienne enfin ton enfant.

Prière de Noël - Michael MORWOOD  Ancien prêtre catholique Perth, Australie

Prière de Noël
Emmanuel, Dieu est avec nous
Christmas Prayer: Emmanuel, God-Is-with-Us
Michael Morwood - Ancien prêtre catholique Perth, Australie
Traduction Gilles Castelnau
​
​
Nous croyons en une Réalité ultime
au-delà de tout langage 
et de toute représentation 
Réalité fondement de toute existence.
Nous voyons cette Réalité à l’œuvre 
dans l’immensité de l'univers,
dans l’incroyable diversité de toutes les formes de vie 
et dans le développement de la conscience de l’espèce humaine.
L’ensemble de notre sagesse humaine révèle l’action de cette Réalité
agissant depuis des millions d’années dans le développement de l’humanité 
agissant partout et en tous temps  dans les individus et les cultures 
pour l’amélioration de l’humanité
Nous célébrons la naissance de Jésus.
Nous voyons en lui la plénitude de la potentialité humaine : 
Rendre Dieu visible dans nos vies. 
Nous avons vu en lui la Réalité ultime, 
Dieu, le Souffle de Vie, la Sagesse dans la réalité humaine.
Comme chacun de nous 
il a grandi dans la sagesse. 
Il a réfléchi, 
il a recherché le sens des choses, 
il a formé ses convictions 
Il a expérimenté l’amour
et notament la relation d’amour avec Dieu.
Sans quitter sa religion 
il a prêché la bonne nouvelle à tous les hommes de bonne volonté.
Nous célébrons son enseignement qui nous libère de l’idée d’un Dieu qui intervient et manipule 
et de l’idée que nous serions séparés de la Réalité où s’enracine notre existence.
Nous célébrons son enseignement qui nous montre 
que le sacré se trouve dans le banal,
dans la réalité quotidienne, 
dans le désir humain d’être meilleur 
et d’être les prochains les uns des autres.
Nous célébrons son enseignement qui nous ouvre à la foi que nous vivons en Dieu 
que Dieu vit et vient en nous 
et que cette unité donne son sens à notre vie.
Nous sommes reconnaissants à Dieu d’être avec nous 
dans l’amour de notre famille et de nos amis 
en tout ce qui a été 
qui est 
et qui va être.
Notre prière de Noël est que nous puissions reconnaître la Présence du sacré 
là où nous n’aimons pas regarder :
- dans les étables de nos vies 
- chez les réfugiés 
- en ceux qui sont différents de nous.
Que nous puissions reconnaître 
la Présence de Dieu en nous 
comme en tout homme 
et rendre cette merveilleuse Réalité 
sensible à tout le monde.
Amen

Parabole du fils prodigue - LUC 15, 11-32 - André GOUNELLE - Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

On a beaucoup hésité sur le titre qu’on pouvait donner à cette parabole.
Traditionnellement, on l'appelle "parabole du fils prodigue", ou "du fils perdu", en mettant l'accent sur ce cadet qui s'en va et qui dilapide son argent, avant de revenir à la maison familiale et hospitalière. On a vu en lui soit l'image de l'humanité qui pèche et se repent, qui s'éloigne de Dieu et retourne à lui, qui chute avec Adam et se relève avec le Christ, soit l'image des païens, éloignés de la maison d'Israël et que l'évangile y fait entrer. Cette interprétation oublie ce que Jésus ne cesse de proclamer, à savoir que Dieu n'a pas attendu que les égarés se repentent pour sortir de leurs malheurs et se convertissent pour échapper à leur misère, mais que, comme le berger et le femme des deux paraboles qui précèdent, il est parti à leur recherche.
D'autres préfèrent comme titre : "la parabole des deux fils", voulant éviter que le commentateur ne ressemble au père de la parabole qui a tranquillement ignoré et oublié son aîné. Pour certains gnostiques des premiers siècles, ce fils aîné correspondrait aux anges, jalousant les êtres humains et la place qu'ils tiennent dans l'action de Dieu. Ces gnostiques voyaient dans les anges des gardiens non pas amicaux et rassurants comme dans l'imagerie populaire, mais hostiles, malveillants, tels des surveillants malintentionnés, peu serviables, et très à cheval sur leurs prérogatives. Pour d'autres commentateurs, plus nombreux, le fils aîné représenterait les courants rigoristes et légalistes du judaïsme qui n'admettent pas que les païens puissent être admis dans la maison de Dieu sans suivre toutes les prescriptions de la loi, sans se mettre en règle avec elle.
On a également suggéré d'intituler notre parabole "le père miséricordieux" ou "le père admirable", en insistant l'amour et la générosité du père qui fait contraste avec l'ingratitude des deux fils, aussi bien de celui qui part que de celui qui reste. Cette dernière appellation a aujourd'hui beaucoup de succès et elle est la plus répandue. Je dois avouer qu'elle ne me convainc pas et que, de plus en plus, je me demande si en l'adoptant, on ne se trompe pas, on ne s'égare pas.
Oserai-je, suggérer une lecture aventureuse et renversante de notre parabole, qui paraîtra probablement extravagante, voire choquante, à beaucoup, et qui l'est peut-être? Qu'on puisse contester l'explication ou l'interprétation que je vais en proposer, je le sais et je ne la donne pas pour certaine. J'aimerais simplement partager avec vous ce que cette parabole m'a dit un jour, le message surprenant que j'en ai reçu à un moment difficile de ma vie, tout en reconnaissant qu'on peut la comprendre tout à fait autrement et sans prétendre en donner la seule bonne interprétation. Après tout, une parabole peut bien avoir plusieurs sens.
*   *   *
Depuis toujours, on a assimilé le Père de la parabole avec Dieu, puisque c'est le cas pour d'autres pères dans le Nouveau Testament et puisque Jésus nous apprend à appeler Dieu Père.
Or, il me semble que dans notre parabole, cette assimilation ne va pas du tout de soi, et qu'il faut, au contraire, dissocier le Père et Dieu, ce que suggère la supplique du cadet, deux fois répétée dans le récit : "j'ai péché contre le Ciel et envers toi". Le Ciel, on le sait, désigne Dieu dans le langage de l'époque et le cadet, loin de les identifier, par deux fois, comme pour y insister et le souligner, distingue le Ciel et le père. Or dès qu'on ne voit plus en lui l'image de Dieu, on se rend immédiatement compte que le Père de ce conte n'est pas admirable, mais lamentable, qu'il n'arrive pas à communiquer avec ses deux enfants, à entrer en relation avec eux.
Avez-vous remarqué qu'il ne parle jamais au cadet? Il ne lui dit rien avant son départ; il ne cherche pas à s'entretenir avec lui. Quand son fils revient et lui adresse sa requête, il l'interrompt, il ne le laisse pas aller jusqu'au bout, il lui coupe la parole, il l'empêche d'exprimer ce qu'il a délibéré et décidé de dire. Le Père arrête le discours du cadet. Il l'habille, le pare, le nourrit et lui ferme la bouche. Les musiciens et les danseurs du banquet font trop de bruit pour qu'il puisse dire quoi que ce soit. Le Père s'empare de la parole, et cette parole qu'il enlève à son fils et qu'il prend, il l'adresse aux serviteurs et non au cadet. Il ne parle pas à son fils, il parle à d'autres de son fils, en utilisant la troisième personne, en disposant de lui, en organisant ce qu'on doit faire de lui, sans se soucier de ce que son fils pense, éprouve, désire. Le cadet demandait d'être traité comme l'un des employés, le Père ne le lui accorde pas, il le traite comme un élément de mobilier ou de décoration. Il ne lui fait pas l'aumône d'une de ces paroles que reçoivent les domestiques. Le cadet se trouve dépouillé de sa personnalité, réduit à l'état d'objet ou d'animal familier qui n'a d'autre rôle, d'autre fonction que de réjouir le Père, semblable à la drachme ou la brebis des deux paraboles précédentes.
Le Père donne beaucoup à son cadet, mais il ne lui parle pas. À l'aîné, il parle, mais il ne lui donne rien, pas même un chevreau pour se réjouir avec ses amis et encore moins la compréhension et l'affection qui manquent visiblement à ce fils et qu'il n'a apparemment pas reçues. Le Père récuse ses reproches, sans percevoir ce qu'ils ont de fondé, ni ce qu'a de blessant et d'injuste son attitude. Comment l'aîné n'éprouverait-il pas du ressentiment et de l'amertume de cette fête que son Père organise sans l'en prévenir ni l'y convier, alors qu'ils vivent ensemble, sous le même toit, et travaillent dans la même propriété? Pas une seconde, le Père ne se met en question ni avoue qu'il a eu tort. Il rabroue son ainé au lieu de l’écouter. Le cadet qui demande à être traité en serviteur est traité en objet, l'aîné qui voudrait qu'on le traite en Fils est traité en serviteur. La parabole nous parle d'un double échec de communication, d'une double faillite dans la relation, d'un Père qui a perdu ses deux fils ("il les avait", il ne les a plus) et de deux fils à qui il manque un père.
Ne croyez pas que j'en veuille à ce père. Je n'entends nullement instruire son procès ni l'accabler, comme un procureur qui cherche à obtenir un verdict sévère. Je ne doute pas de ses bonnes intentions. Il est plein de compassion pour ses enfants et veut leur bien, mais il s'y prend mal. Il me paraît malhabile, malheureux et malchanceux. J'éprouve, au fond, beaucoup de sympathie et une grande tendresse pour lui. À bien des égards, il me semble plus facile de se reconnaître en lui que dans l'un ou l'autre des fils. Lequel d'entre nous n'a pas eu des difficultés de relations avec ses enfants ou avec ses proches? Lequel d'entre nous n'a-t-il pas été déchiré voire torturé par des tensions familiales qu'il ne sait pas gérer, où sa bonne volonté maladroite envenime au lieu d'arranger les relations? Nous nous débrouillons souvent mieux avec des étrangers, avec des personnes qui nous sont indifférentes qu'avec ceux qui nous tiennent à cœur et que nous aimons. L’affection ne rend ni lucide, ni habile, ni objectif. Ce père, je le disais à l'instant lamentable; il est aussi, peut-être surtout pitoyable.
*   *   *
Où conduit cette autre lecture, peut-être divagante, de notre parabole? Quand on voit dans le père non pas l'image de Dieu, mais l'image de ce que nous sommes et de ce que nous vivons, que nous apporte-t-elle? Sur quoi débouche-t-elle? Quel message fait-elle entendre?
Ce n'est pas simple de répondre. J'ai été longtemps embarrassé, en me demandant si je ne m'étais pas fourvoyé dans une impasse. Et puis, en lisant en relisant cette parabole, en la méditant et en y réfléchissant, il m'a semblé entrevoir quelques pistes. Je signale les trois qui me sont apparues :
1. Si on compare cette parabole à d'autres, par exemple aux deux qui la précèdent ou à celle du semeur, on constate qu'elle donne beaucoup de place et accorde une grande attention à la personnalité des différents acteurs. Elle parle de leurs réflexions, de leurs sentiments. Elle explique les motifs très pesés et calculés du cadet; quand il se décide à retourner chez son père, ce n'est ni l'affection ni le repentir qui le font revenir, mais la misère et la faim. Son retour n'a rien de désintéressé et ne s'apparente nullement à une conversion. Elle mentionne l'émotion et le comportement du Père quand son cadet revient. Elle souligne la colère de l'aîné.
La parole ne circule pas, les relations se nouent mal parce que chacun donne trop de place et d'importance à ce qu'il pense et à ce qu'il sent. La parole vivifie quand elle s'accompagne d'une sorte de mort du soi, de mort à soi. Lorsque le souci de soi prédomine et encombre, la parole se fige, nous immobilise, elle entrave communication et mouvement. Pour dire les choses autrement, nous sommes invités à exister. Exister vient de deux mots latins ex et sistere, se tenir hors de soi, le contraire d'insister, in sistere, se tenir en soi, rentrer en soi-même. "Rentrer en lui-même", c'est ce que fait le cadet, quand la misère l'atteint. N'avait-il pas plus raison quand il était parti de chez lui, pour rencontrer des gens douteux, de mauvaise vie (ceux que l'on reproche précisément à Jésus de fréquenter au début du chapitre 15) et quand il dilapidait ses biens (comme le semeur d'une autre parabole qui sort de chez lui et jette ses graines n'importe où, à tous vents et dans les terrains)? La foi nous fait ex-sister, sortir de nous-mêmes, non pas in-sister, entrer et nous enfermer en nous-mêmes.
2. J'entrevois une deuxième piste liée aux comportements du Père avec chacun de ses enfants. Il me semble que le cas du fils cadet montre qu'on ne donne rien ou, du moins, que ce qu'on donne ne sert à rien, si, en même temps, on ne parle pas, si la parole ne vient pas accompagner le geste et en faire non seulement le cadeau de quelque chose, mais une offre de soi. À l'inverse, le cas du fils aîné montre qu'il ne sert à rien de parler, si en même temps on ne donne rien, si on se réserve et s'économise, si on ne se livre pas. Ce qui nous concerne, bien sûr, dans notre vie familiale, ecclésiale, sociale, mais surtout ce qui nous oriente vers Jésus qui à la fois parle et se donne, qui prêche, enseigne, explique et nous apporte vie et salut. On peut y voir aussi un symbolisme possible pour la Cène, où aux mots de la prédication se joignent et s'ajoutent du pain et du vin pour indiquer que la véritable parole est un don. Lorsque Dieu nous parle, il nous nourrit, il nous nourrit en nous parlant et non pas autrement.
3. Notre récit n'est pas, comme on le prétend souvent, une parabole de la grâce, mais de la disgrâce. Disgrâce du Père, disgrâce du cadet, disgrâce de l'aîné, disgrâce dont personne ne sait comment sortir. À la différence des contes de la drachme et de la brebis perdues, il n'y a pas de joie finale. Il manque à notre parabole une conclusion, un aboutissement, une clôture ou une chute. Elle reste en suspens, elle n'aboutit pas. Le récit s'arrête, parce qu'on ne peut plus avancer, qu'il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. La situation est bloquée, figée tant que ne se produira pas un événement, qui viendra faire changer les gens et bouger les choses. Pas d'issue possible si Dieu n'intervient pas, si le grand absent de la parabole n'y pénètre pas par une effraction qui brisera le cercle infernal. Je lis ce texte comme une parabole pré-évangélique, c'est à dire qui prépare à l'évangile, qui y achemine et y conduit, qui oriente vers une nouvelle naissance. À l'aîné, le Père dit : "ton frère était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé". Constat somme toute assez triste et désespérant. À quoi cela sert-il de revenir à la vie antérieure, de retrouver ce que l'on possédait et que l'on avait perdu, de rétablir ce qui existait auparavant? On rétablit ou on restaure la situation ancienne qui ne mène à rien. Chacun continuera à s’enfermer en lui-même et tout le monde sera malheureux. Ce qu'il faut, c'est l'émergence d'une vie nouvelle, autre, celle du Royaume. Ce surgissement de quelqu'un ou de quelque chose de différent les récits de Noël le suggèrent, ceux de Pâques l'annoncent (car la résurrection est le jaillissement de la grâce à travers la mort), ceux de Pentecôte le figurent, avec la mise en route de la parole entravée. Seule, l’arrivée de l'évangile, d'une bonne nouveauté, viendra débloquer la situation de ce Père et de ces deux fils ainsi que notre histoire personnelle ou collective.
De cette parabole, je reçois deux choses :
  • D'abord une interpellation qui s'adresse au professeur, pasteur et père que je suis. Elle me met en garde contre la tentation de confisquer la parole et le pouvoir, de me donner trop d'importance, et avec les meilleures intentions du monde de me conduire comme le Père de la parabole qui ne sait ni accueillir ni écouter ceux qui l'entourent.
  • Ensuite, une parole d'espérance qui me dit que mes échecs, mes erreurs, mes impasses ne m'enferment pas définitivement. La parabole ne se finit pas, et donc ne se ferme pas comme un piège d'où personne ne s'échappera. De même, ma vie reste ouverte à la venue de celui qui fait toutes choses nouvelles. L'évangile nous annonce que rien n'est irrémédiable, parce que Dieu, alors même qu'il paraît absent, ne cesse de venir.
 
 
 
 
André Gounelle
Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

Des protestants indéfinis

Journal Réforme, novembre 2007 Jean Alexandre, pasteur

À propos de l’interview de Marcel Gauchet dans Réforme, on peut contester qu’il y ait à distinguer, aussi rapidement qu’il le fait, ce qui serait du protestantisme classique et de la mouvance évangélique.

 

Ce n’est pas la première fois, dans l’histoire du protestantisme français, que des missions étrangères introduisent chez nous des courants spirituels de type évangélique. On leur doit ainsi, depuis le XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, non seulement l’Armée du Salut, la Mission Populaire Évangélique, entre autres, mais aussi nombre d’œuvres sociales, caritatives, culturelles ou religieuses. En ce dernier domaine, on peut citer la Société des Missions évangéliques de Paris, d’abord filiale de celle de Londres, dont l’action est devenue l’une des réussites historiques du protestantisme français.

 

Britanniques, Allemands, Suisses, Étasuniens, Scandinaves, etc., ils ont importé en France le revivalisme anglo-saxon, le piétisme rhénan ou prussien, le socialisme évangélique romand, tout autant ou plus que le barthisme ou la théologie du Process…

 

Spirituellement, la plupart des protestants français « classiques » ont cela dans leurs gènes. Il existe chez nous fort peu de communautés dont la réalité sociologique doive tout à une pure hérédité huguenote ou luthérienne… Les Cévennes elles-mêmes ont été travaillées par ces missions et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on y trouve des born again !

 

Il y a là comme un processus de régénération repérable sur le long terme : face à la sécularisation, le protestantisme « classique » perd des forces dans deux directions, l’agnosticisme et l’évangélisme. Mais à terme, nombre d’éléments de la mouvance évangélique le rejoignent et remplissent les vides. En effet, un taux élevé de ferveur n’est supportable que pour peu de temps, il faut un jour un retour réflexif sur la phase éruptive qui a été vécue. C’est pourquoi les petits-enfants de fervents pentecôtistes burkinabés récemment convertis me demandaient naguère de la formation en exégèse historico-critique de la Bible…

 

En bref, la distinction entre protestants et évangéliques est une pure apparence, du moins sur le plan sociologique. Il s’agit d’un mode de reproduction mis au point depuis longtemps dans les sociétés protestantes. Si ce n’est que les phases en sont irrégulières, et que, selon le temps, c’est l’une qui prend le pas sur l’autre.

 

Mais ce qui n’est pas pris en compte dans cette affaire, c’est ce que le protestantisme fait de ceux qui sont partis dans l’autre direction, ceux qui, comme un Cévenol me le disait un jour, « campent à la porte du temple »…

 

Par opposition aux membres des paroisses luthéro-réformées ou des diverses communautés évangéliques, nombre de protestants englobés dans un fourre-tout nommé « protestantisme sociologique » ont en réalité soif d’une spiritualité beaucoup plus marquée par le doute et la recherche que celles qui leur sont proposées. C’est ce qu’un certain nombre de mouvements et de centres leur offraient depuis quelques décennies, et qui manque aujourd’hui, faute d’une réflexion ecclésiologique qui dépasse la distinction entre « association 1905 » et « association 1901 »…

 

Journal Réforme, novembre 2007

Jean Alexandre, pasteur

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Pasteur Jean Dietz
Lytta Basset
Michel Morwood
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